Approche du cheval

Je ne lui ai jamais rien appris, c’est moi qui ai tout appris d’elle.

Pour tout ce qu’on fait, je commence d’abord en liberté et je continue en licol. Je la regarde et j’applique un mot et un geste à ce qu’elle fait. Quand elle a été en confiance dans le manège, elle a commencé à se coucher avec plaisir. Je l’ai alors félicitée en mimant chacune de ses attitudes. Quand elle a gratté du pied, j’ai gratté du pied, quand elle tournait sur elle-même, je tournais sur moi-même etc…Après, quand je commençais à gratter du pied, c’était un signal pour qu’elle gratte aussi. Maintenant, j’associe un tapotement du stick sur la jambe, pour introduire le fait que je vais lui demander quand je serai dessus. Tout est très long, je n’incorpore un “mot” que lorsque notre code précédent est parfaitement établi. Je m’en fiche, je ne suis pas pressée.

En réalité, je fais toujours pareil, on pourrait résumer ma “méthode” (je n’aime pas ce mot), par un seul terme: HUMILITE. En fait, je préfère le terme approche. En effet, on approche le cheval qui est un être qui ne parle pas le même langage en l’écoutant D’ABORD pour pouvoir essayer de communiquer ensuite, d’après ses bases à lui. Et contrairement à Pat Parelli et autres, je ne crois pas qu’il y ait un langage universel. Chaque cheval a son histoire et comprend nos mots et attitudes en fonction de son apprentissage passé. Il faut absolument en tenir compte. Et cela, ce n’est pas une méthode, mais on peut aborder à peu près n’importe quel cheval de façon calme et s’en faire comprendre en agissant ainsi.

C’est toujours moi qui la copie, c’est elle qui m’apprend comment lui demander les choses. L’intérêt de ce système, c’est qu’on peut le faire avec n’importe quel cheval, car c’est lui qui t’apprend ses propres mots. Je ne fais un exo en licol que lorsque je suis sûre d’avoir bien compris son “mot”, car elle m’a comprise quand je le lui ai “dit” en liberté. Pour moi, le licol, je le ressens comme si j’imposais ma volonté, or, quand nous sommes en phase d’apprentissage d’un moyen de communication entre nous, si j’impose ma volonté, ça fiche tout par terre, je risque de louper quelque chose. Donc, je me permets d’imposer ma volonté (lui faire faire un mouvement alors qu’elle ne comptait pas le faire à priori à ce moment là), que quand je suis sûre que je lui demande clairement pour elle.

On remarque que dans ces cas-là, il n’y a jamais à se battre, si le message est bien compris, ils font ce qu’on a envie qu’ils fassent (ils sont trop gentils en fait). Quand ils ne le font pas et se rebellent, c’est qu’on a pas été assez clair. Il faut donc reformuler.

Le système est, quand on approche son cheval pour les premières fois, d’être le plus passif possible. C’est-à-dire que l’on se met au milieu de l’endroit où l’on travaille, en un point qui va matérialiser le centre d’un cercle fictif et d’attendre… Observer… Il va se passer quelque chose, le cheval après avoir analysé le nouvel environnement, va prendre conscience, de lui-même, de notre présence. Ca peut prendre du temps, laisser faire. Et, incroyablement, au bout d’un moment, il va venir vers nous ou tourner autour de nous, c’est le premier pas vers le travail en liberté. Quand je dis “passif” c’est passif avec son corps, c’est-à-dire qu’il faut faire le moins de gestes possibles. La voix, elle, a le droit de caresser à souhait.